Évolution des compétences et des métiers : la formation aux outils est-elle suffisante ?

La numérisation des systèmes d’information a la particularité de toucher l’ensemble des métiers du secteur pour lesquels la compréhension et les modalités d’accès aux outils peuvent être différentes en fonction du niveau de formation, de la place des activités dites « administratives » dans leur fonction, du rapport personnel au numérique, ou encore de l’âge. Cet accès inégal au numérique est aussi une problématique d’(in)attention organisationnelle partielle à ces situations d’inégalité liées :

Adaptations, bricolages et contournements des outils numériques : est-ce seulement aux professionnels de santé de s’adapter ?

Nos observations montrent que les outils ne viennent pas se fondre dans l’activité des professionnels comme s’ils étaient ajustés à leur main, mais les conduisent à penser et organiser autrement la réalisation de leur activité en adaptant, bricolant, détournant voire en contournant ces outils numériques. Le principal indicateur de ces accommodations réside dans l’usage persistant du papier. En conséquence, penser l’intégration des outils de façon déconnectée des besoins liés à la réalité du travail conduit à générer des stratégies de détachement, de contournement ou encore d’inventivité. La question du développement des compétences ne se pose donc pas exclusivement pour les professionnels mais aussi pour les concepteurs de solution et porteurs de projet afin qu’ils et elles puissent mieux appréhender la complexité des activités.

Évolution de l’organisation du travail : quelle attention aux fonctionnements collectifs ?

Les usages permis par les outils numériques actuels peinent à couvrir des besoins complexes, comme ceux liés à la coordination. L’intensification du travail individuel sur des postes informatiques met à mal la durée et la qualité des interactions avec les patients et entre professionnels.

S’il persistera toujours un écart entre les fonctionnements attendus, prescrits et les fonctionnements réels du travail, la bonne intégration du numérique nécessiterait de porter attention à ces fonctionnements collectifs en s’assurant que les outils ne viennent pas les entraver. Et cela passe notamment par la possibilité pour les professionnels de retrouver du pouvoir d’agir sur l’organisation du travail en dotant les équipes de temps et d’espaces pour négocier collectivement leurs règles de fonctionnement, à leur niveau, et au-delà de la formation aux fonctionnalités de l’outil.

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